Après plusieurs années de spéculations autour de la création d’une crypto-monnaie, le géant américain Facebook a annoncé le mardi 18 juin 2019 dernier, le lancement de Libra, sa propre monnaie virtuelle. Vivant à 98% de ses revenus publicitaires, l’une des plus grandes entreprises de publicité au monde annonce la révolution de la crypto-monnaie, un marché qui n’avait jusque là, que le Bitcoin ou l’Ether comme principaux acteurs. De plus, avec ce nouveau relai de croissance, Facebook souhaite redorer son blason depuis le scandale Cambridge Analytica de mai 2018 ou encore la rébellion des robots de l’IA Facebook. Mais de quoi s’agit-il ? Comment l’entreprise de Mark Zuckerberg souhaite mettre en place Libra ? Vous allez tout savoir.
La création de Libra par Facebook n’est pas totalement anodine. En effet, Facebook se positionnerait sur le même créneau que son concurrent chinois WeChat, qui a fait évoluer son réseau social en une véritable plateforme de consommation. D’ailleurs, parmi les nombreux avantages de travailler chez Facebook et pour faciliter l’utilisation massive et simple de Libra sur le marché, le numéro 1 des réseaux sociaux souhaite proposer à ses salariés d’être rémunérés avec la crypto-monnaie. De plus, selon la presse financière, Facebook a déjà rencontré les responsables de nombreuses banques centrales.
Mark Zuckerberg estime que Libra pourrait représenter 2,65 milliards d’euros d’ici 2021. Par ailleurs selon Ross Sandler, analyste chez Barclays, le lancement de cette crypto-monnaie pourrait fortement changer le cours des actions de Facebook : « toute tentative de générer des sources de revenus en dehors de la publicité, en particulier celles qui n’abusent pas de la vie privée des utilisateurs, est susceptible d’être bien accueillie par les actionnaires”.
L’idée de Mark Zuckerberg, le fondateur du réseau social aux 2,3 milliards d’adhérents dans le monde, est de pouvoir transférer de l’argent à quelqu’un aussi facilement qu’une photo. Ainsi, l’objectif de cette crypto-monnaie globale et universelle est de permettre des transactions commerciales (achat ou vente de produits) et des transactions de particulier à particulier au sein de l’environnement Facebook (y compris via la messagerie Messenger), mais aussi à travers les pages des annonceurs Facebook ou encore WhatsApp. Nous verrons par la suite si Facebook proposera des services payants en Libra comparables à ceux qu’offrent les banques. Á noter que Facebook souhaite encourager les entreprises qui travaille déjà avec lui, à utiliser Libra en leur offrant des avantages.
Facebook n’est pas seul dans ce projet. De nombreuses entreprises se positionnent comme partenaires du géant américain dans la proposition de cette monnaie virtuelle. Les entreprises qui soutiennent le projet investissent plus ou moins 10 millions de dollars de financement. En tant que partenaires, ils font partie d’une fondation basée à Genève et créée pour l’occasion. Ce partenariat leur permet de gérer, conjointement avec Facebook, la blockchain privée de la crypto-monnaie et de surveiller son évolution. Au final, le réseau social a obtenu 27 partenaires parmi lesquels on retrouve des entreprises de la Silicon Valley comme : Uber, Lyft ou eBay, des spécialistes du paiement tels que Mastercard et Visa, ou encore Iliad, la maison-mère de l’opérateur français Free fondée par Xavier Niel. Avec autant de partenaires, Facebook se couvre auprès de ses utilisateurs et des organismes de réglementation, qui se méfient de plus en plus de sa puissance dans le but de s’imposer rapidement et durablement avec Libra.
La crypto-monnaie va donc se baser sur une blockchain privée nommée « Libra blockchain » afin de sécuriser et supporter l’ensemble des transactions. C’est ainsi que le langage de programmation Move a été élaboré. Ce langage permet d’empêcher le clonage des actifs car il oblige les actifs numériques à suivre les mêmes propriétés que des actifs physiques c’est à dire qu’ils possèdent un propriétaire unique. De ce fait, ils ne peuvent être dépensés qu’une fois et la création de nouveaux actifs est limitée.
Le portefeuille numérique nommé « Calibra » permettra au monde entier de profiter de la crypto-monnaie et du service de transfert d’argent. Calibra sera disponible directement via les applications de l’environnement Facebook à l’exception d’Instagram. A travers ce portefeuille, Facebook veut garder le contrôle sur la crypto-monnaie pour éviter les dérives avec un processus de contrôle d’identité qui sera blindé grâce à des systèmes anti-fraudes et des alertes sur des comportements suspects. De plus, Facebook se veut respectueux des données personnelles car, selon le réseau social, Calibra sera totalement indépendant et « ne partagera pas d’informations sur les comptes, ou d’informations financières, avec Facebook ou avec de tierces parties, sans le consentement de l’utilisateur ».
Dévoilée officiellement, ce mardi 18 juin, la crypto-monnaie ne sera finalement pas effective avant 2020. En effet, Facebook doit acclimater les utilisateurs avant un lancement effectif car aujourd’hui la crypto-monnaie est mal perçue par la plupart des utilisateurs en raison d’un manque de contrôles menant à des dérives. L’objectif est d’également faire réagir les instances monétaires nationales et internationales afin que d’ici 2020, les internautes puissent acheter des services et produits, mais aussi transférer des sommes d’argent, via Libra.