Dans une annonce récente, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, a soulevé la possibilité de pérenniser l’utilisation des titres-restaurant pour les achats alimentaires au-delà de 2024. Cette proposition fait suite à la prolongation d’un an de l’utilisation dérogatoire de ces tickets pour les achats de courses, annoncée précédemment par le gouvernement. Le ministre s’est exprimé sur Europe 1 et CNews, déclarant qu’il était prêt à ouvrir la discussion sur l’utilisation plus générale des tickets-restaurant pour l’achat de produits alimentaires.
M. Le Maire a souligné que la décision antérieure de mettre fin à la dérogation le 31 décembre 2023 était un choix du Sénat, mais le gouvernement a choisi de la prolonger en 2024. Il a exprimé son souhait que cette mesure puisse être intégrée dans le projet de loi de finances pour 2024, actuellement en discussion au Parlement, si cela est juridiquement possible. Actuellement, environ 5 millions de personnes bénéficient de ces titres-restaurant.
Le ministre a également abordé l’accord récemment conclu avec EDF sur les prix de l’électricité à partir de 2026. Il a réitéré l’engagement de ne pas augmenter la facture d’électricité de plus de 10 % pour l’année 2024. Cependant, il a souligné que l’État supporte encore 34 % de la facture d’électricité des citoyens. Il a noté la nécessité de sortir des boucliers énergétiques actuels, qui représentent une charge financière de 40 milliards d’euros par an pour la nation française.
La question de l’utilisation élargie des tickets-restaurant pour les achats alimentaires semble être au cœur des préoccupations du ministre, qui cherche à répondre aux attentes de la population tout en équilibrant les contraintes budgétaires du gouvernement.
Face à la pression des salariés et aux réticences des restaurateurs, le gouvernement semble se diriger vers une prolongation de la dérogation permettant l’usage des titres-restaurant pour les achats alimentaires pour l’an prochain, c’est-à-dire en 2025. Ce dispositif, introduit dans un contexte d’inflation, pourrait être maintenu au moins une année supplémentaire. Mais ce choix ne fait pas l’unanimité, surtout chez les restaurateurs qui voient d’un mauvais œil cette mesure.
Depuis 2022, les salariés peuvent utiliser leurs titres-restaurant pour acheter des produits alimentaires en supermarché, tels que des pâtes ou du riz, jusqu’à un plafond de 25 euros par jour. Cette dérogation devait prendre fin au 31 décembre, mais le gouvernement envisage de la prolonger. Selon des sources proches du dossier, cette mesure pourrait même être pérennisée, offrant ainsi aux salariés une flexibilité accrue dans l’utilisation de ces titres.
Initialement mise en place pour faire face à une inflation élevée, cette dérogation a permis aux salariés d’adapter leurs dépenses alimentaires en fonction de leurs besoins. Elle s’inscrit dans une démarche de soutien au pouvoir d’achat, un sujet particulièrement sensible en période d’incertitude économique.
Les restaurateurs sont largement opposés à cette prolongation. Selon l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (UMIH), cette mesure favorise les grandes et moyennes surfaces au détriment des restaurants. Depuis la mise en place de la dérogation, les restaurateurs ont constaté une baisse de leur part de marché de 6,4 points, tandis que celle des supermarchés a augmenté de 8,4 points.
Dans un communiqué, l’UMIH a critiqué ce qu’elle considère comme une « dévoyance » du titre-restaurant, arguant que celui-ci devrait principalement soutenir les restaurants. Les restaurateurs estiment que cette mesure affaiblit leur activité, d’autant plus que l’inflation est maintenant en baisse, passant sous la barre des 2%.
Du côté des salariés, la prolongation de l’utilisation des titres-restaurant pour les courses alimentaires est bien accueillie. Selon un sondage réalisé au printemps dernier, 96% des bénéficiaires se sont déclarés favorables à cette mesure. La possibilité d’utiliser ces titres pour des achats alimentaires en supermarché permet à de nombreux salariés d’ajuster leurs dépenses et de mieux gérer leur budget.
Actuellement, 36% des salariés dépensent leurs titres-restaurant principalement dans les supermarchés, tandis que 34% les utilisent dans les restaurants et 24% dans des commerces alimentaires de proximité. Ces chiffres montrent l’importance croissante des supermarchés dans l’usage quotidien des titres-restaurant, au grand dam des restaurateurs.
Outre la prolongation de la dérogation, le gouvernement travaille également à une réforme plus globale du système des titres-restaurant. L’idée d’un double-plafond est notamment à l’étude. Ce dispositif permettrait de réserver le plafond de 25 euros pour les dépenses effectuées dans les restaurants et les boulangeries, tandis qu’un plafond inférieur serait imposé pour les achats en supermarché.
Cette réforme pourrait répondre en partie aux inquiétudes des restaurateurs, tout en maintenant la flexibilité souhaitée par les salariés. Les détails de cette nouvelle réglementation sont encore en discussion, mais la décision finale devrait être annoncée avant la fin de l’année.
Le maintien de cette dérogation reste un sujet de tension entre les différentes parties prenantes. Si les salariés semblent largement en faveur de cette mesure, les restaurateurs continuent de s’y opposer fermement. Le gouvernement, quant à lui, doit trancher dans les prochains jours afin de fixer les conditions définitives d’utilisation des titres-restaurant pour l’année à venir.