La Commission européenne a ouvert une enquête contre le géant chinois de la fast-fashion Temu, en réponse aux inquiétudes sur la vente de produits potentiellement dangereux et sur les risques d’addiction que pourrait engendrer l’usage de la plateforme. Ce dossier majeur illustre l’application des nouvelles réglementations européennes sur les services numériques et pourrait entraîner de lourdes sanctions financières pour Temu.
La Commission européenne a entrepris des actions pour examiner la conformité des produits commercialisés sur la plateforme de vente en ligne Temu en Europe. Margrethe Vestager, commissaire à la Concurrence, a souligné l’importance d’assurer la sécurité des consommateurs en se conformant aux normes européennes. Cette initiative fait suite à des inquiétudes concernant la possibilité que des produits illicites, voire dangereux, soient proposés à la vente.
Temu, qui propose un large choix de produits allant des vêtements aux articles high-tech, est visé par des accusations de vente de produits non conformes aux réglementations de l’Union européenne. La Commission souhaite vérifier si l’entreprise met en place des systèmes de contrôle efficaces pour éviter que des articles potentiellement dangereux n’atteignent les consommateurs européens. Ce contrôle accru fait partie des efforts de Bruxelles pour renforcer la protection des consommateurs sur le marché numérique.
En plus de la conformité des produits, l’Union européenne s’intéresse également aux risques d’addiction liés à l’utilisation de la plateforme Temu et de manière générale aux sites e-commerce low cost qui facilitent les achats. La conception addictive du site, ainsi que ses programmes de récompenses sous forme de jeux interactifs, pourraient avoir des impacts négatifs sur le bien-être des utilisateurs, en particulier leur santé mentale et physique.
L’enquête étudiera également comment Temu encourage ses utilisateurs à passer davantage de temps sur la plateforme grâce à des mécanismes ludiques, souvent associés à une surconsommation. Les autorités européennes veulent s’assurer que de tels mécanismes n’incitent pas les utilisateurs à des achats impulsifs, qui pourraient augmenter leurs dépenses sans qu’ils en aient nécessairement conscience.
Les interfaces de Temu sont également au centre des préoccupations de la Commission européenne. Certaines associations de consommateurs ont accusé la plateforme de mettre en œuvre des interfaces trompeuses visant à influencer les décisions d’achat des utilisateurs. Ces pratiques pourraient amener les consommateurs à acheter plus que prévu, en utilisant des techniques de persuasion cachées dans la présentation des produits et des recommandations personnalisées.
En mai dernier, une plainte a été déposée contre Temu par des associations européennes, dénonçant des pratiques de design trompeur. La Commission européenne souhaite ainsi clarifier la transparence des recommandations faites par l’algorithme de Temu et s’assurer que les paramètres de recommandation sont divulgués et compréhensibles pour le public, conformément aux nouvelles directives sur les services numériques.
Temu a affirmé son intention de collaborer avec la Commission européenne dans le cadre de cette enquête. Un porte-parole de l’entreprise a déclaré que Temu « prend très au sérieux ses obligations » en matière de conformité et a assuré que des mesures correctives ont déjà été entreprises pour répondre aux attentes de la Commission. La société affirme également qu’elle continue à affiner ses pratiques en fonction des nouvelles réglementations en vigueur.
Cette coopération intervient après plusieurs alertes et correspondances échangées entre les autorités européennes et la plateforme de fast-fashion. En adoptant une position proactive, Temu espère montrer son engagement à se conformer aux standards européens, même si des ajustements supplémentaires pourraient être requis en fonction des conclusions de l’enquête.
Si Temu est reconnu coupable de non-respect des réglementations européennes, l’entreprise pourrait être soumise à une amende pouvant aller jusqu’à 6 % de son chiffre d’affaires annuel, soit environ 12 milliards d’euros. Cette sanction pourrait être appliquée dans le cadre du nouveau règlement sur les services numériques (DSA), qui vise à renforcer la responsabilité des grandes plateformes numériques vis-à-vis de leurs pratiques de vente en ligne.
Les résultats de cette enquête pourraient ainsi impacter de manière significative les opérations de Temu en Europe. En renforçant les normes de conformité pour les produits et les pratiques commerciales, l’Union européenne envoie un message clair aux entreprises de commerce en ligne : la sécurité et le respect des droits des consommateurs restent des priorités, malgré l’essor du marché numérique global.