Que ce soit sur les sites emploi gratuits ou payants, la publication des offres d’emploi s’apprête à connaître un tournant majeur en Europe. Dès juin 2026, les entreprises devront obligatoirement indiquer la rémunération associée au poste proposé. Cette mesure, issue de la Directive européenne sur la transparence des rémunérations, vise à offrir davantage de clarté aux candidats et à révolutionner les pratiques de recrutement. Quelles sont les implications de cette réforme pour les employeurs et les salariés ? Décryptage.
Actuellement, la majorité des offres d’emploi ne précisent pas le salaire auquel les candidats peuvent prétendre. Une pratique qui complique souvent la décision de postuler. Selon le baromètre « Ce que veulent les candidats » publié par le cabinet Robert Half, 90 % des chercheurs d’emploi souhaitent connaître le salaire avant d’envoyer leur candidature.
Pourtant, cette transparence est loin d’être la norme. En effet, selon les données de ParlonsRH, seules 11 % des offres d’emploi émises par les grandes entreprises du CAC 40 mentionnent une rémunération. Cette carence d’information place les candidats dans une situation d’incertitude, souvent source de frustration et d’abandon des processus de recrutement.
Dès juin 2026, la Directive européenne imposera aux employeurs de mentionner explicitement la rémunération dans toutes leurs offres d’emploi publiées en ligne. Cela mettra fin aux formulations vagues telles que « salaire attractif » ou « selon profil ». Désormais, les candidats auront une vision claire de ce qui leur est proposé.
En outre, les employeurs seront également tenus de fournir des détails sur les avantages supplémentaires associés au poste, comme le 13ᵉ mois, les primes, ou les couvertures santé. Cette exigence vise à réduire les inégalités salariales et à accroître la confiance des chercheurs d’emploi envers les recruteurs.
La directive autorise toutefois l’indication d’une fourchette de salaire, plutôt qu’un montant fixe. Si cette flexibilité peut être avantageuse dans certains cas, elle comporte aussi des risques. Les employeurs pourraient être tentés de proposer des fourchettes très larges, comme « de 1 400 à 2 300 euros« , sans garantir au candidat un montant proche de la valeur haute.
Cette ambiguïté pourrait provoquer des désillusions parmi les candidats, notamment si les négociations salariales aboutissent systématiquement à des rémunérations inférieures à leurs attentes. Les responsables politiques et les organismes de contrôle devront donc veiller à ce que ces pratiques restent conformes à l’esprit de la directive.
La Directive sur la transparence des rémunérations est perçue comme une avancée majeure pour l’égalité et la clarté salariale. Si elle ne révolutionne pas complètement les processus de recrutement, elle oblige les employeurs à une transparence plus poussée et renforce la position des candidats dans les négociations.
Avec cette réforme, l’Europe affiche son ambition de réduire les inégalités et de favoriser une relation plus équilibrée entre employeurs et salariés. Cette transition nécessitera une adaptation des pratiques internes, mais pourrait aussi se révéler bénéfique pour la marque employeur des entreprises les plus transparentes.
La publication obligatoire des salaires dans les offres d’emploi pourrait redéfinir les règles du marché de l’emploi. Cette réforme, bien qu’encore sujette à certaines zones d’ombre, est un pas important vers plus de clarté et d’équité pour les candidats comme pour les employeurs.