Cette information n’aurait jamais vu le jour si le quotidien français spécialisé dans l’information économique et financière “Les Échos” (source : https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/exclusif-comment-le-pdg-de-snapchat-est-devenu-francais-1156728) ne l’avait pas repéré. En effet, le 16 décembre dernier, le magazine nous révélait que le richissime fondateur de l’application Snapchat, Evan Spiegel, est devenu français en septembre 2018. Retour sur ce discret évènement.
On ne vous présente plus Snapchat le dernier des réseaux sociaux le plus utilisé par la jeune génération qui totalisait 210 millions d’utilisateurs actifs quotidien au troisième trimestre 2019, contre 203 millions le trimestre précédent. C’est en feuilletant un décret d’une trentaine de pages paru dans le « Journal Officiel » le 12 septembre 2018 que les journalistes sont tombés sur cette information. Ce document officiel listait plus de 700 étrangers naturalisés deux jours plus tôt majoritairement issus du Maghreb et d’Afrique subsaharienne. C’est plus précisément à la 18ème page qu’on trouve mentionné Evan Spiegel, le patron américain de l’entreprise californienne Snap, et son fils d’un an et demi, Hart Spiegel. Mais comment Evan Spiegel né en Californie de parents américains et n’ayant jamais résidé sur la durée en France a t-il pu être naturalisé français ?
Toujours d’après le media Les Échos, Evan Spiegel « a fait sa demande au consulat de France à Los Angeles, qui l’a naturalisé via la procédure dite de l’étranger émérite ». Il s’agit d’une formalité permise par l’article 21-21 du Code civil, selon lequel « un étranger francophone qui en fait la demande et qui contribue par son action émérite au rayonnement de la France et à la prospérité des relations économiques internationales. » Il faut savoir que chaque année, seuls « dix à vingt dossiers » de ce type sont traités selon une source diplomatique. Il semblerait que le dossier d’Evan Spiegel présentait assez d’avantages pour qu’on lui accorde une « assimilation (de son séjour à l’étranger) à une résidence ».
L’assimilation est un dispositif, prévu à l’article 21-26 du code civil, qui peut être utilisé pour « un étranger qui exerce une activité professionnelle publique ou privée pour le compte de l’Etat français ou d’un organisme dont l’activité présente un intérêt particulier pour l’économie ou la culture française ». Cela signifie qu’il n’est pas soumis à la condition de résidence au moins depuis cinq ans en France. « Honnêtement, il adore la France », c’est ce que répond Julie Henderson, la directrice de la communication du groupe, lorsqu’elle est questionnée sur les motivations d’Evan Spiegel à devenir citoyen français. « Il vient plusieurs fois par an et apprend la langue depuis plusieurs années », « je peux vous dire assurément qu’il ne possède pas d’appartement », affirme la dirigeante.
Concernant son attachement à la France, le fondateur de Snapchat a déclaré lors du centenaire de l’armistice du 11 novembre 2018 : «J’ai un lien très fort avec la France depuis mon enfance. C’est à Paris, à l’âge de deux ans que j’ai dit ‘je t’aime’ à ma mère pour la première fois». La dernière étude de Médiamétrie/NetRatings montre que 22 millions de français se rendent chaque mois sur l’application. Sur la tranche d’âge 15-24 ans, Snapchat arrive même en tête du classement des applications les plus utilisées par les 15-24 ans, devant Facebook et Instagram.
« La certification récente de nos logs auprès de l’ACPM (l’Alliance pour les Chiffres de la Presse et des Médias) renforce encore davantage la précision de nos audiences dans la mesure de Médiamétrie/NetRatings. Ces chiffres prouvent notamment que Snapchat a largement trouvé sa place sur le marché des plateformes sociales en France et que cette montée en puissance se poursuit de manière significative » concluait Emmanuel Durand, PDG, de Snap Inc France. Snapchat dont l’antenne française qui compterait actuellement 80 salariés, ambitionne de redevenir « le moyen de communication le plus rapide. »