L’industrie du jeu vidéo connaît quelques difficultés. Après l’annonce d’Unity qui annonçait une vague importante de licenciement, c’est le studio parisien Don’t Nod, connu pour son succès international avec « Life is Strange« , est en pleine tourmente. Face à des ventes décevantes et un contexte économique difficile, l’entreprise envisage une réorganisation qui pourrait affecter près de 20 % de ses effectifs. Une annonce qui inquiète les employés et qui reflète une tendance plus large dans l’industrie du jeu vidéo, où les suppressions d’emplois se multiplient.
Un plan de réorganisation qui concerne 69 emplois
Le célèbre studio français Don’t Nod a récemment annoncé un plan de réorganisation qui pourrait toucher 69 postes, soit environ un cinquième de ses effectifs. Fondé en 2008, le studio est surtout connu pour son jeu à succès Life is Strange, qui a marqué l’industrie avec ses 20 millions de joueurs dans le monde. Cependant, malgré sa réputation solide et des critiques élogieuses, les dernières sorties du studio, « Jusant » et « Banishers : Ghost of New Eden », n’ont pas rencontré le succès commercial espéré.
Cette contre-performance a plongé l’entreprise dans une situation délicate, avec un chiffre d’affaires en chute libre : de 7 millions d’euros en 2022, il est tombé à 5,4 millions en 2023. Pour la première moitié de 2024, Don’t Nod a enregistré seulement 1,8 million d’euros. Le plan de réorganisation annoncé a pour objectif de rationaliser la production et de rendre le studio plus flexible face aux attentes du marché.
Des déceptions commerciales à l’origine du plan
Malgré son succès critique, Don’t Nod a vu ses deux dernières productions, « Jusant » et « Banishers », échouer à attirer un public suffisamment large. Les ventes en deçà des prévisions ont forcé le studio à repenser sa stratégie pour assurer sa survie sur un marché de plus en plus compétitif. Cette situation contraste fortement avec les débuts du studio, qui avait marqué les esprits avec Life is Strange, un jeu narratif qui a su captiver un large public.
Le communiqué officiel de Don’t Nod précise que cette réorganisation vise à « renforcer le rôle du comité éditorial afin de mieux répondre aux attentes du marché« . Cela montre la volonté du studio d’adapter ses projets futurs et de se repositionner dans un secteur en perpétuelle évolution.
Des tensions sociales au sein du studio
La situation actuelle n’est pas une surprise pour le syndicat STJV (Syndicat des Travailleurs et Travailleuses du Jeu Vidéo), qui avait déjà alerté en février sur les conditions de travail chez Don’t Nod. Dans un contexte où la pression pour livrer des jeux rapidement s’intensifie, les employés font face à une accumulation de stress, provoquant des cas de bore-out et de burnout. Le STJV avait exprimé ses inquiétudes quant aux risques psychosociaux pour les travailleurs du studio.
Le syndicat a réagi à la nouvelle du plan social en publiant un communiqué dénonçant un « déni concerté et organisé » de la part de la direction. Ce climat de tension souligne le malaise au sein de l’entreprise, où les employés se sentent pris dans une tourmente liée aux choix stratégiques de la direction.
Un contexte global de crise dans l’industrie du jeu vidéo
La situation de Don’t Nod s’inscrit dans une crise plus large qui touche l’industrie du jeu vidéo. Depuis 2023, plus de 23 000 emplois ont été supprimés à travers le monde, selon le site Game Industry Layoff. Si certaines suppressions de postes sont liées à la fin de grands cycles de production amorcés pendant la pandémie, d’autres illustrent une fragilité économique qui perdure dans le secteur.
Jusqu’à récemment, les grands studios français comme Ubisoft avaient été relativement épargnés par cette vague de licenciements. Cependant, la restructuration chez Don’t Nod pourrait marquer un tournant pour l’industrie française du jeu vidéo, qui semble désormais touchée par ces difficultés globales.