Heures supplémentaires non rémunérées : une réalité pour + de 50 % des cadres en France

Heures supplémentaires non rémunérées : une réalité pour + de 50 % des cadres en France

Plus de la moitié des cadres en France effectuent régulièrement des heures supplémentaires, souvent sans aucune compensation, selon une étude récente de Viavoice pour l’Ugict-CGT. Entre une charge de travail croissante et un manque de reconnaissance salariale, cette situation soulève des questions sur l’équilibre entre vie professionnelle et personnelle.

Les cadres face à une charge de travail excessive

L’étude menée par Viavoice révèle que plus d’un cadre sur deux est contraint d’accomplir des heures supplémentaires en raison d’une forte charge de travail. Ces heures, cependant, restent dans la majorité des cas non rémunérées ou ne donnent lieu à aucune récupération. La secrétaire générale de l’Ugict-CGT, Caroline Blanchot, souligne que les cadres « commencent leur semaine avec déjà du retard », accumulant des tâches non traitées les semaines précédentes, notamment les mails non lus. Cela illustre bien la difficulté croissante pour les cadres à gérer une charge de travail en constante augmentation.

Le télétravail, pourtant perçu initialement comme un moyen d’améliorer l’organisation du travail, n’a pas réussi à endiguer ces excès. En effet, 61 % des cadres interrogés estiment que cette pratique ne les protège pas des durées excessives de travail, renforçant le besoin d’un droit à la déconnexion effectif. En 2024, 48 % des cadres déclarent travailler pendant leurs jours de repos, une légère diminution par rapport à 2015, où ils étaient 56 %. Cependant, le phénomène reste préoccupant.

Un sentiment d’insatisfaction salariale persistant

Un autre point mis en lumière par l’enquête est le décalage entre la rémunération des cadres et leur implication. En 2024, 52 % des cadres jugent que leur salaire ne reflète pas la réalité de leur temps de travail. Cette proportion, bien que déjà élevée, est en augmentation par rapport aux années précédentes. À cela s’ajoute une autre donnée préoccupante : 38 % des cadres travaillent entre 40 et 44 heures par semaine, tandis que 21 % d’entre eux déclarent des horaires allant de 45 à 48 heures, voire plus pour 12 % des sondés.

Face à cette situation, les revendications des cadres évoluent. L’équilibre entre vie privée et professionnelle devient une priorité pour 73 % des cadres interrogés, tandis que 63 % placent le salaire en seconde position. Le contenu et le sens du travail comptent également, devançant des objectifs plus traditionnels comme la progression de carrière, reléguée à seulement 15 % des préoccupations.

La nécessité d’un droit à la déconnexion renforcé

Le droit à la déconnexion est un enjeu central pour les cadres, deux tiers d’entre eux réclamant son application plus stricte. En effet, malgré la mise en place de mesures visant à encadrer les horaires de travail, une majorité de cadres reste exposée à des sollicitations professionnelles en dehors des heures de bureau. En 2016, 56 % des cadres demandaient déjà ce droit, et ce chiffre a augmenté pour atteindre 66 % en 2024, démontrant une attente toujours plus forte de la part des salariés.

La montée en puissance du télétravail, loin d’améliorer les conditions de travail de manière significative, semble au contraire accentuer ce besoin de déconnexion. Le fait de pouvoir travailler à distance n’a pas mis fin aux heures supplémentaires non payées ni à la pression constante exercée sur les cadres.

Un modèle à réviser

Cette étude met en évidence un déséquilibre croissant entre la charge de travail des cadres, leur rémunération et leur bien-être. La demande croissante pour un meilleur équilibre entre vie professionnelle et privée, ainsi qu’une reconnaissance salariale à la hauteur de leur investissement, reflète une évolution des attentes des salariés face à un monde du travail en mutation.


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