Dans le cadre du projet de loi sur la sécurité de l’espace numérique, le gouvernement français envisage très sérieusement d’imposer aux navigateurs le blocage d’accès « à la source » des sites référencés sur une liste noire des sites à contenus illégaux. Dans le but également de préserver les mineurs des sites pornographiques, le gouvernement met tout en œuvre pour valider la mise en place d’une sécurisation des espaces web.
Cependant, cette proposition met en lumière d’éventuels problèmes d’ordre technique et éthique. En effet, à mesure que le gouvernement français dévoile son projet de loi sur la sécurité dans l’espace numérique, de plus en plus de détails émergent quant aux mesures envisagées pour bloquer l’accès aux sites de contenu illégal, notamment pour empêcher les mineurs de consulter des sites pornographiques. L’une de ces mesures consiste en un blocage « à la source » où les navigateurs pourraient refuser d’afficher les sites figurant sur une liste noire établie par le gouvernement ou les autorités compétentes. Bien que l’idée puisse sembler intéressante, elle présente néanmoins un certain nombre d’obstacles, en plus d’être irréalisable d’un point de vue technique.
D’après, le navigateur web libre et gratuit Firefox Mozilla, cette initiative présentée comme une lutte contre la fraude en ligne, contraindrait les navigateurs à créer une capacité technique complexe et dangereuse. En imposant aux fournisseurs de navigateurs de développer des outils de blocage systématique des sites web figurant sur une liste fournie par le gouvernement, cela impacterait considérablement des normes mises en place depuis de très nombreuses années. Que cela soit en terme de modération des contenus et donnerait aux gouvernements une arme rendant inefficaces les outils actuels de contournement de la censure.
L’intégration d’un tel outil de blocage installé directement dans les navigateurs, basé sur une liste établie par un État-nation ou une dictature, comporte des risques importants de dérive souligne également Mozilla. C’est ce que confirme également l’Electronic Frontier Foundation (ONG internationale de protection des libertés sur Internet basée aux États-Unis), qui pense que ce mode de blocage constitue une violation de l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme, garantissant à chacun le droit de chercher, de recevoir et de diffuser librement des informations et des idées, indépendamment des frontières, par tous les moyens d’expression possibles.
Source : https://www.legifrance.gouv.fr/dossierlegislatif/JORFDOLE000047533100/